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lundi 14 avril 2014

La disparition d’un pionnier de l’indépendance : Bomboko et Mobutu : Le «Nduku» ou le coup de la séparation

Congo Indépendant 
13/04/2014 
Bondo Nsama

Justin-Marie Bomboko Lokumba Is’Elenge à la fin des années 60

Le patriarche des Anamongo Justin Marie Bomboko Lokumba, qui s’est éteint jeudi 10 avril 2014 à Bruxelles, était l’une des personnalités congolaises les plus proches du défunt maréchal Mobutu. Leur amitié, profonde et solide, remontait aux années précédant l’accession du Congo à l’indépendance, plus précisément lors de la Table Ronde de Bruxelles. Au fil des ans après l’indépendance, elle s’était raffermie notamment à travers la fameuse structure informelle dénommée « groupe de Binza » qui, outre Mobutu et Bomboko, comprenait entre autres Victor Nendaka et Albert Ndele. Le premier était à l’époque à la tête de la Sûreté nationale, tandis que le second dirigeait la Banque Centrale du Congo. 

Kinshasa. Correspondance.

Lorsque mon ami feu Thy-René Essolomwa et moi-même exercions comme journalistes reporters en 1964-1965 avant d’être nommés par le président Mobutu patrons respectivement du quotidien du soir « Le Courrier d’Afrique » (« Elima ») et du quotidien du matin « L’Etoile du Congo »(« Salongo »), nous fréquentions souvent le couple Bomboko à sa résidence de « Ma Campagne ». Et ce, pour des raisons extraprofessionnelles : Essolomwa était fiancé à leur fille ainée Marie Jeanne. Lors de ces visites, il nous était arrivé un jour de rencontrer sur place les membres dudit « groupe de Binza » en pleine réunion. Papa Bomboko s’était alors fait le plaisir de nous présenter à ses amis, en insistant sur le fait qu’au-delà du futur beau-fils qu’était Essolomwa, ce dernier et moi étions de jeunes journalistes en qui il prédisait un brillant avenir. Il ne croyait pas si bien dire… Ses amis s’étaient contentés de prendre acte, sans aucun commentaire. 

Aussi, lorsque le général Mobutu a réalisé son coup d’Etat en novembre 1965, nous n’avions pas été surpris de voir Justin Marie Bomboko accéder aux fonctions de ministre des Affaires Etrangères sous l’égide du Premier ministre Léonard Mulamba, poste qu’il avait déjà occupé dans le tout premier gouvernement de la République dirigé par Patrice-Eméry Lumumba. 

A la tête du ministère des Affaires étrangères presque par prédestination, il sera pendant de longues années la figure emblématique de la diplomatie congolaise.  

Le «Nduku» ou le coup de la séparation 
Pour l’opinion, Bomboko apparaissait alors plus que jamais comme « l’inamovible » ministre des Affaires étrangères du Congo. Son amitié avec Mobutu y était certes pour beaucoup, mais également ses indéniables talents de diplomate. Personne n’osait imaginer que la carrière de Bomboko aux côtés du président Mobutu pouvait connaitre une autre tournure. 

Le ministre des Affaires étrangères était lui-même en pleine confiance, fort de la confiance et de la vieille amitié de « l’homme du 24 novembre 1965 ». Quoi de plus normal qu’il se montrât en toutes circonstances détendu en sa compagnie ? 

Sauf que, un jour, il en fit trop sans qu’il s’en rende compte. C’était en février 1972 lors d’une grandiose réception organisée par Mobutu dans les jardins de la résidence officielle du Premier ministre, sur les bords du fleuve Congo à Gombe, à l’occasion du retour définitif dans son pays de l’ambassadeur des Etats-Unis. 

Parmi les hôtes, des membres du gouvernement, des chefs de missions diplomatiques, des officiers généraux et supérieurs, des patrons d’entreprises publiques et privées, bref tout ce que la capitale congolaise comptait comme notabilités. 

Mobutu saluait debout ses invités, passant d’un groupe à un autre, suivi comme une ombre notamment par son officier d’ordonnance Denis Ilossono et le ministre des Affaires Etrangères Bomboko. Puis, s’approchant de son hôte d’honneur, l’ambassadeur des Etats-Unis, le Président entama avec lui une conversation qui eut l’air d’être très amusante, suivie au loin par d’autres invités. Au point que, à un moment donné, Mobutu et l’ambassadeur américain ainsi que Bomboko se mirent à rire aux éclats. Emporté par la gaieté, Bomboko ne put s’empêcher de donner une tape amicale sur l’épaule gauche du Président. Au vu de tout le monde. 

Je vis à l’instant même Mobutu s’arrêter de rire et son visage se refermer aussitôt. Il quitta les lieux sur-le-champ, sans plus rien dire à qui que ce soit. Quelques jours après cet épisode, le Président procéda à un vaste remaniement dont la principale caractéristique fut le départ de Bomboko du gouvernement, remplacé aux Affaires étrangères par un inconnu du grand public en la personne de Jean Nguz. 

Ce départ de Bomboko du gouvernement avait une explication, telle que le Président me l’avait fournie la veille du remaniement après m’avoir remis la liste de la nouvelle équipe gouvernementale pour publication en édition spéciale. Je m’étais étonné de n’y voir figurer le nom de Justin Marie Bomboko. J’avais souligné devant le président Mobutu que je ne comprenais pas qu’il ait pu écarter ainsi quelqu’un qui était pourtant un de ses grands amis de longue date. 

C’est alors que le Président me rappela l’histoire de la tape à l’épaule – « nduku » en lingala, traduisant la familiarité entre individus – reçue de son ami Bomboko quelques jours plus tôt au cours de la réception qu’il avait offerte à la résidence officielle du Premier ministre, en m’indiquant à quel point il avait été choqué par ce geste. 

« Bondo, vous vous rendez-compte ? Bomboko s’était permis de me faire un « nduku », et qui plus est, en public, devant l’ambassadeur des Etats-Unis ! C’est inacceptable ! Mettez-vous en tête que je suis Chef de l’Etat, je n’ai plus d’amis ! Rien à faire, il doit quitter le gouvernement ! » 

De fait, à partir de ce remaniement ministériel, Justin Marie Bomboko était resté longtemps à la touche, coupé de tout contact avec le chef de l’Etat. Il avait même été accusé – à tort ou à raison – d’avoir comploté contre le régime. Ce qui lui avait notamment valu d’être relégué à la prison de Angenga en compagnie de Victor Nendaka également soupçonné d’avoir trempé dans le même complot. 

Pour la petite histoire du fameux « nduku » à la résidence officielle du Premier ministre lors de la réception organisée par Mobutu, Bomboko lui-même ne sut jamais la vraie raison de son éloignement du gouvernement qui, à l’époque, fit grand bruit tant il avait été totalement inattendu. Moi non plus je n’avais jamais jugé utile de lui en faire la révélation. D’autant plus que le jour même où il m’avait chargé d’aller préparer une édition spéciale sur le remaniement en question, le président Mobutu m’avait formellement interdit d’écrire ou de répéter à quiconque la confidence qu’il venait de me livrer à propos de Bomboko. J’ai donc gardé le secret jusqu’à maintenant où ce dernier vient de rejoindre Mobutu dans l’au-delà. 

Par contre, à partir de cet exemple du « nduku » de Bomboko et du sort qui avait été réservé en conséquence à ce dernier, j’avais retenu la leçon que face à Mobutu – Chef de l’Etat –, il ne pouvait exister aucune sorte de familiarité. Dès lors, j’avais pris mes précautions pour ne jamais tomber dans le piège de l’excès de confiance ou de zèle chaque fois que je me suis trouvé devant ou aux côtés du président Mobutu. Est-ce pour cette raison que je suis parvenu à cheminer trente ans durant avec lui sans connaitre de disgrâce? Probablement oui.-

Adieu, «Bokilo» Bomboko ! 

Bondo Nsama

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