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lundi 1 octobre 2012

Avec Tierno Monénembo, la Résistance française entre dans la littérature africaine

01/10/2012 
Par Tirthankar Chanda


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Après sa virée dans les montagnes du Fouta-Djalon en compagnie de l’aventurier français Aymé Olivier de Sanderval, Tierno Monénembo entraîne ses lecteurs dans un village des Vosges à la rencontre du résistant noir Addi Bâ. Avec la verve savoureuse qui le caractérise, le romancier guinéen ressuscite dans son nouveau roman la saga de ce tirailleur héroïque oublié par l’historiographie républicaine, mais dont les traces perdurent dans la mémoire collective locale. 

Prix Renaudot 2008 pour son roman "Le Roi de Kahel" (Seuil), le Guinéen Tierno Monénembo livre avec son nouveau roman, qui paraît ces jours-ci, le récit original et attachant d’un tirailleur sénégalais réfugié dans un village des Vosges (Romaincourt) et devenu une figure de résistance locale contre l’occupant allemand. Il s’agit d’un récit largement romancé, mais basé sur l’histoire vraie d’un Guinéen égaré dans la forêt des Vosges et qui s’est fait connaître en organisant le premier maquis de la région en 1943, avant d’être arrêté et fusillé par les Allemands.



Si la mémoire collective a préservé soigneusement les traces d’Addi Bâ, de son héroïsme et… de ses nombreuses conquêtes galantes dans la région, la France officielle l’avait longtemps occulté. Sans doute parce qu’il était noir ! Il a fallu attendre 2003 pour que sa mémoire soit rétablie avec l’attribution de la médaille de la Résistance, soixante ans après son exécution. Friand d’Histoire, le romancier Monénembo s’est emparé de cette page oubliée de la Résistance française et a transformé celui que les Allemands appelaient « le terroriste noir » en un héros picaresque confronté à un monde en pleine déliquescence. « La France avait cessé d’être une république, écrit-il en évoquant l’époque de la guerre, pour devenir une petite chose quelconque et clandestine ! ». 

Une voix majeure de la littérature africaine
Le Terroriste noir est le dixième roman de Tierno Monénembo. En quelque trente ans de carrière littéraire, ce Guinéen a construit une œuvre romanesque impressionnante, marquée du sceau de l’exil et de la nostalgie pour son pays à la dérive. Scientifique de formation, Monénembo a quitté la Guinée en 1969, fuyant le régime dictatorial de Sékou Touré comme l’ont fait trois millions de ses compatriotes. 

Après avoir séjourné successivement en Côte d’Ivoire et au Sénégal, il est arrivé en France dans les années 1970 pour poursuivre des études de biochimie. Tout en menant parallèlement sa carrière de scientifique, il s’est mis à écrire. Il publie son premier roman Les Crapauds-brousse en 1979. Ce récit inaugural, puissant, consacré à la descente aux enfers de la Guinée sous Sékou Touré, permit à Monénembo de s’imposer d’emblée comme l’une des voix montantes majeures de la littérature africaine. Il rejoignit le rang des Kourouma, des Sony Labou Tansi, des William Sassine, des Henri Lopes qui, au sortir de la colonisation, ont renouvelé le roman africain en le transformant en un miroir « brisé » mais combien efficace des dysfonctionnements d’un continent noir livré au bon vouloir des tyrans cyniques et sanguinaires. 

« Le passé nous tient à la gorge » 
La fiction de Tierno Monénembo se caractérise par sa diversité d’inspiration : politique (Les Crapauds-brousse, Les écailles du ciel, Cinéma), heurs et malheurs de la diaspora guinéenne (Un rêve utile, Un attiéké pour Elglass, Pelourinho), génocide rwandais (L’Aîné des orphelins), passé mythique et colonial (Peuls, Le Roi de Kahel). Ces thématiques ont en commun le retour obsessionnel de l’auteur à l’Histoire. Le Terroriste noir est le dixième roman du Guinéen Tierno Monénembo Seuil 

L’Histoire est le fil rouge qui traverse toute l’œuvre de Monénembo. Elle interroge l’Histoire et ses certitudes, avec pour ambition de réconcilier les Africains avec leur passé. « Le passé nous tient à la gorge », aime dire l’auteur des Crapauds-brousse. Pour dédramatiser ce rapport complexe des Africains avec leur passé, il propose le rire, avec pour modèle « l’humour juif ». « C’est leur humour tourné essentiellement vers eux-mêmes qui a permis aux Juifs de se libérer de la malédiction de leur histoire tragique », a-t-il expliqué. 

Le nouveau roman de Tierno Monénembo illustre à merveille cette approche décomplexée et plurielle du passé. Double de l’explorateur colonial marginalisé Olivier de Sanderval, à qui le Guinéen a consacré son précédent roman, le protagoniste du Terroriste noir Addi Bâ n’est pas un personnage monolithique. Résistant plein d’audaces, l’homme a mené une double vie, se partageant entre les impératifs de la guerre secrète contre un ennemi tout-puissant et sa vie de don juan. Le romancier croque avec délice son héros, ne se privant pas de montrer ses naïvetés ni ses goûts immodérés pour les belles femmes. Le burlesque côtoie ici l’héroïque, les lâchetés et les trahisons vont de pair avec les élans d’âme et les solidarités humaines. Le récit croise sans cesse le comique et le grave, pour raconter l’étonnant parcours d’un tirailleur héroïque, à la fois sujet et victime de son destin. 

Le livre refermé, ce qui flotte dans la mémoire, ce sont les troubles et la complexité d’une époque historique où « le monde faisait penser à une ratatouille qu’une longue cuillère céleste aurait mis des semaines à touiller » ! 

TROIS QUESTIONS À TIERNO MONÉNEMBO 
Comment avez-vous découvert l’histoire d’Addi Bâ ? 
C’est en 2003 que j’ai entendu parler d’Addi Bâ pour la première fois, en lisant dans L’Evènement du Jeudi un article racontant les longues et fructueuses démarches des habitants d’un village des Vosges pour baptiser une des rues de leur village d’après « le terroriste noir »
L’histoire m’a intéressé, mais je n’aurais peut-être jamais franchi le pas si je n’avais pas fait la connaissance d’un journaliste régional qui, lui, savait tout sur Addi Bâ. Il m’a emmené dans le village de Tollaincourt (nom changé dans le récit) et m’a fait rencontrer les personnages qui l’ont connu. 

"Le Terroriste noir" est un roman. Quelle est la part de fiction et quelle est la part du réel ? 
Je suis avant tout romancier et c’est en romancier que j’ai tenté de raconter l’histoire d’Addi Bâ. Ce dernier n’était pas un héros. C’est la guerre qui a fait de ce bon vivant et coureur de jupons un héros malgré lui. 
Le personnage est double, sympathique et mystérieux. 
Pour faire comprendre sa complexité, il me fallait passer par la fiction, qui transforme le vécu en un conte, à la fois divertissant et didactique. 

Pourquoi cette histoire vous a-t-elle intéressé ? 
A cause de la personnalité d’Addi Bâ. Qu’il soit Guinéen n’est sans doute pas étranger à l’intérêt que son parcours a suscité en moi.
Enfin, on pourrait aussi lire ce roman comme un hommage aux tirailleurs sénégalais qui méritent d’être célébrés. 
Addi Bâ est un soldat issu d’un régiment de tirailleurs qui se sont battus pour la France. 
En Afrique aussi, les tirailleurs sénégalais ont contribué à décoincer l’imaginaire en démontant le mythe de l’invincibilité des Blancs. L’expérience historique des tirailleurs a été la première étape vers les indépendances africaines

Le livre :

L'histoire romancée d'un chef résistant dans les Vosges né en Guinée.
L'histoire est une source intarissable. Ainsi croyait-on tout savoir sur une période aussi scrutée que la Seconde Guerre mondiale, et voici que Tierno Monénembo exhume un récit aussi méconnu qu'extraordinaire.
Commençons par aujourd'hui, en 2012. Trois communes, à Langeais, en Indre-et-Loire, à Tollaincourt (Romaincourt dans le livre de Monénembo) et à La Vacheresse-et-la-Rouillie, dans les Vosges, possèdent une rue Addi-Bâ. Qui est donc ce personnage?
C'est justement ce que révèle le nouveau roman de l'auteur du"Roi de Kahel", prix Renaudot 2008.
C'est par la voix de Germaine Tergoresse, dix-sept ans dans les années 1940, que tout nous est conté.
Dans cette famille vosgienne, l'étranger Addi Bâ deviendra inoubliable.

Les faits, d'abord.

Cet homme né en Guinée en 1916 a fait partie des tirailleurs sénégalais et a participé aux batailles des Ardennes.
Le récit de Tierno Monénembo démarre vers la fin de l'année 1940 quand Addi Bâ se retrouve affamé dans la forêt d'un village vosgien. Il trouve refuge grâce au soutien d'une institutrice qui l'héberge dans l'appartement de l'école désertée. Puis, c'est le maire de Tollaincourt, un poilu, qui le met en contact avec le réseau Marcel Arburger. Rapidement, Addi, celui que les Allemands appelleront le «terroriste noir», deviendra le chef local du maquis de la Délivrance. Il apportera son appui à tous les jeunes qui fuient le STO. Le 18 décembre 1943, après l'avoir blessé, les nazis le condamnent et l'exécutent.

Une reconnaissance bien tardive
Monénembo s'est emparé de cette histoire avec un appétit fantastique: son récit incisif, ses dialogues, sa façon de conter donnent l'impression de voir le récit se dérouler devant nos yeux. Même si l'auteur prend quelques libertés avec l'Histoire.
Et que voit-on? Un petit homme simple, plein d'autorité, toujours à vélo, accepté et respecté par tout le village comme un notable et qui n'hésite pas à conseiller à ses hôtes de mieux «redresser» leur fille.
C'est parfois drôle, c'est souvent profond.
Et, sans l'air d'y toucher, l'écrivain dresse un superbe tombeau à un résistant qui n'a eu la reconnaissance que soixante années après avoir été fusillé.
«On fleurit les tombes, on réchauffe le Soldat inconnu,/ Vous, mes frères obscurs, personne ne vous nomme.»
Tierno Monénembo a choisi ces vers de Léopold Sédar Senghor pour ouvrir son magnifique roman et donner enfin un nom à un héros méconnu.
Commentaire lu sur Le Figaro.fr - Culture

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