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jeudi 14 février 2013

Jean-Michel Djian: «Ce qui a brûlé n'est pas l'essentiel du trésor fabuleux de Tombouctou»

RFI 
14/02/2013 
Par Christophe Boisbouvier 

Un manuscrit brûlé à l'institut Ahmed Baba, 
à Tombouctou le 31 janvier 2013. Reuters / Tessier
 Le 25 janvier dernier, on a craint le pire pour les manuscrits de Tombouctou, quand les jihadistes ont perpétré un autodafé à la bibliothèque Ahmed-Baba. Mais qu'en est-il réellement ? Jean-Michel Djian, auteur du livre «Les manuscrits de Tombouctou. Secrets, mythes et réalités» (Lattès), répond aux questions de Christophe Boisbouvier. 

RFI : Le 25 janvier, les jihadistes ont brûlé des manuscrits anciens à la bibliothèque Ahmed-Baba de Tombouctou. Est-ce qu’ils ont détruit des documents de grande valeur ? Jean-Michel Djian : Non, contrairement à ce qu’on imagine et aux photos que l’on a vues défiler dans la presse. Les manuscrits sont d’abord des ouvrages, alors que les vrais manuscrits de Tombouctou ne sont pas des ouvrages. Ce sont des ouvrages pour l’essentiel religieux qui sont stockés effectivement dans la nouvelle bibliothèque Ahmed-Baba. Il y a deux bibliothèques. Et ce qui a été brûlé n’est pas l’essentiel de ce patrimoine écrit qui constitue le trésor fabuleux de Tombouctou. 


Est-ce qu’ils ont également volé ? 
Ils ont volé, mais nous avons affaire à des personnages qui sont globalement ignorants qui ne peuvent pas lire forcément l’arabe, et en particulier l’Ajami. L’essentiel de ces manuscrits ne sont pas écrits dans un arabe littéral, mais cette langue qui a circulé pendant à peu près quatre siècles et qui est un métissage de l’arabe et des langues vernaculaires (l’haoussa, le bambara, le peul…). Et on trouve l’alphabet arabe mais avec cette particularité d’une écriture qui peut être traduite aujourd’hui. La preuve, il y a quelques spécialistes de l’Ajami. Donc difficile d’accès. Mais ces manuscrits sont désormais bien protégés, là où on ne peut pas ni les voler, ni les abîmer. 

Est-il vrai justement que les manuscrits les plus précieux ont été cachés par les habitants de Tombouctou, dans des cantines en fer, puis évacués. On parle de voitures, de scooters et même de dos d’âne et de pirogues ? 
On parle de pirogues effectivement, de sacs de riz aussi, c’est vrai, mais l’essentiel ce sont les cantines en fer. Dès fin août dernier, quelques responsables de bibliothèques privées de Tombouctou -il y a deux types de bibliothèques, les bibliothèques privées familiales et la bibliothèque publique, la seule à Ahmed-Baba, 32 bibliothèques réparties sur l’ensemble de la ville dont trois, quatre grandes bibliothèques qui sont la Kati et surtout la Mamma Haidara. Et ces responsables de bibliothèque, très responsables de leur propre patrimoine, sont partis les cacher au Sud. 

Comment se fait-il que les jihadistes n’y ont vu que du feu ? 
Il faut connaître aussi l’existence de ces manuscrits. Ils étaient plus préoccupés de détruire des mausolées, des stèles funéraires, que d’aller s’emparer de manuscrits qui ne sont pas visibles. Ils sont cachés dans des greniers. On ne les voit pas sauf pour le centre Ahmed-Baba parce que c’est l’institut public. 

Si ça se trouve, les jihadistes ne connaissaient même pas l’existence de ces bibliothèques privées ? 
C’est mon avis. Ce qui est extraordinaire, c’est que des gens aient pris des risques pour leur vie pour évacuer, pour exfiltrer des parchemins... Ces manuscrits remontent, pour certains d’entre eux, au XIIIe siècle. On a là un patrimoine de savoir et de connaissance qu’on n’imagine pas et que l’Occident ne connaît pas ! Qui peut savoir que les guerriers chasseurs du mandingue avaient élaboré une charte, celle du Mandé, dans laquelle il était inscrit qu’il fallait respecter les hommes, que l’esclavage était un déni et ainsi de suite… 
On est quand même en face d’une culture écrite, et non pas orale, dans laquelle les prédispositions à une démocratie au sens large du terme étaient battantes. Donc on avait des érudits et ces ulémas enseignaient la grammaire et les mathématiques. Et on a là dans les documents que nous avons traduits avec Georges Bohas, professeur d’arabe à l’Ecole normale supérieure de Lyon, des documents que personne n’a jamais vus, même pas les Africains. Pourquoi ? Parce que l’oralité est légitime bien avant l’écrit. Donc on n’a aucune chance de voir l’Afrique s’emparer de l’écriture tout simplement parce que c’est l’oralité qui est légitime. 

Ce qu’il faut dire, c’est que ces documents sont à Tombouctou par dizaines de milliers ? 
Mahmoud Zouber, qui est le grand historien africain reconnu, lui évalue l’ensemble de ces manuscrits à, à peu près 900 000, sur l’ensemble du Mali. A Tombouctou même et sa région, à peu près 100 000. On en a découvert de plus en plus, tout simplement parce que maintenant avec l’arrivée des jihadistes, la prise de conscience de cette richesse écrite a commencé à s’exprimer. 
Je suis allé par hasard à Ségou et à Mopti, dans des familles amies de certains bibliothécaires « tombouctiens », où j’ai découvert là aussi des manuscrits de Tombouctou, mais à Ségou comme on en trouve à Djenné, à Chinguetti en Mauritanie, ou à Agadez au Niger. Il y a vraiment là l’expression, l’illustration de ce qu’était la nomadisation de la connaissance au XIVe siècle : on partait du Caire, on allait à Fès et on passait par le Niger. 
Et Tombouctou était le phare. On vendait du sel et de l’or, mais on vendait aussi des parchemins de grammaire, des textes d’arithmétiques, des traités d’astronomie, d’éducation sexuelle que j’ai retrouvés et que j’ai pu faire traduire. Bien avant que Machiavel sorte son prince en 1500 et quelque, on avait comme par hasard quelques années avant un savant tombouctien ayant écrit quelque chose de similaire. Et il se trouve que c’est Léon l’Africain, travaillant pour le Vatican, qu’il l’a ramené. Je ne vous ferai pas le lien mais on peut imaginer qu’il y a eu quelques copiés-collés. 

Le 2 février en venant à Tombouctou, le président français François Hollande a dit que la France ferait ce qu’il faudrait pour restaurer le patrimoine malien. Concrètement, qu’est-ce que peut faire la France ? 
L’avantage est que l’Unesco, la directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, était présente avec François Hollande. J’étais d’ailleurs aussi très content puisque mon ouvrage était dans les mains du chef de l’Etat. Et donc on a bien compris tout de suite que le président ne se contenterait pas de visiter le centre comme il l’a fait sans annoncer une responsabilité de la France sur la réhabilitation, la numérisation et le cataloguage de ces manuscrits. Parce qu’il y en a des masses, et il faut les cataloguer pour qu’on puisse rendre tangible ce savoir dont beaucoup de gens doutent. On doute de l’existence d’un savoir écrit ancestral alors qu’il est de fait dans des bibliothèques. 

Les manuscrits de Tombouctou. Secrets, mythes et réalités, chez Lattès. 
Jean-Michel Djian est aussi rédacteur en chef à France Culture. Tous les trimestres, il publie France Culture Papiers, le résumé par écrit des meilleures émissions de la radio française.

Lire aussi : 

Les manuscrits de Tombouctou

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