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dimanche 15 mars 2015

Congo / Un milliard de dollars attendent repreneur : Sur la piste du fabuleux trésor des Simbas.

Article paru dans le
journal "Le Soir" du 03 janvier 2006.

Mythe ou réalité ?

Sous des apparences misérables, les rebelles des années soixante étaient riches
 d'un trésor de guerre que l'on n'a pas fini de revendiquer en leur nom. Photo Zarca, Lechevalier et Coral.


Reportage
Berne (Suisse)
de l'envoyée spéciale du Soir

Lorsque le 24 novembre 1964, des paracommandos belges sautent sur Stanleyville, aujourd'hui Kisangani, prennent le contrôle de la ville et libèrent les otages européens, une page se tourne dans le Congo d'après l'indépendance : la rébellion de l'est, demeuré fidèle au souvenir du Premier ministre Patrice Lumumba, est définitivement vaincue.

Et cependant, de janvier jusqu'à novembre 1964, le Conseil national de libération, dirigé par Gaston Soumaliot, Christophe Gbenye et Laurent Désiré Kabila, avait réussi à prendre le contrôle de plus de la moitié du pays et de sept villes importantes tandis que Pierre Mulele avait établi dans le Kwilu un mouvement paysan fortement inspiré par la Chine. Dans la presse de l'époque, les combattants, les Simbas, étaient qualifiés de rebelles. Pour en venir à bout, l'Occident aligna contre eux des paracommandos, des avions T28 déjà testés à Cuba lors de l'invasion de la baie des Cochons, et des mercenaires, qui épaulaient l'armée nationale congolaise ou plutôt qui combattaient à sa place.




Images et récits de l'époque évoquent des maquisards aux pieds nus, dépenaillés, des Simbas féroces, couverts d'amulettes, qui prenaient les Européens en otages, les tuaient et parfois les mangeaient. Cependant, lorsqu'après la reprise de Stanleyville par l'ANC, les Simbas et leurs chefs fuient vers le nord et traversent la frontière soudanaise, ils ne sont pas aussi désorganisés ni aussi démunis qu'on se l'imagine dans le camp d'en face. Ils se replient en bon ordre et dans leurs camions, emportent un lourd trésor de guerre, un butin composé de lingots d'or et d'argent, des caissettes de diamants, des sacs de cassitérite et autres métaux précieux, des devises, dont des francs belges.

Ils amènent aussi des défenses d'éléphant, des peaux de léopard, des véhicules et des armes qui leur ont été données par les chinois. L'or a été saisi dans les banques locales, mais surtout dans les sièges d'exploitation des mines d'or de Watsa et de Kilo Moto.

Lorsque l'armée vaincue, dirigée par son chef, le général Nicolas Olenga, arrive à Juba, la capitale du Sud-Soudan, elle est accueillie par le commandant soudanais de la place, le général Bechir, un officier promis à un brillant avenir puisqu'il est aujourd'hui président du Soudan.

Ce dernier enregistre les avoirs de ses hôtes et les aide à les transférer par avion vers la Banque nationale du Soudan. Un avocat soudanais, Me Anwar Adham, assiste à l'opération et le gouverneur de la Banque, M. El Sid El Fid délivre aux rebelles un reçu en bonne et due forme, attestant qu'il a bien reçu un premier lot de 27 tonnes d'or.D'autres livraisons devaient suivre, dont huit tonnes d'or, déposées en 1965. Le trésor transféré au Soudan s'élèvera au total à 36,6 tonnes d'or fin, sous forme de lingots, 37 kilos de diamants de joaillerie ainsi que 66 défenses d'éléphants.

A la même époque, neuf tonnes d'or sont également déposées en Egypte. Il serait faux de croire que ces dépôts étaient effectués en vrac, par des rebelles analphabètes : des documents d'époque montrent que, de sa fine écriture, le général Olenga notait soigneusement sur un cahier d'écolier les quelques retraits opérés sur des avoirs soigneusement répertoriés "douze malles d'une valeur de 9.880.000 F pour achat de vivres des Simbas" ou "deux caissettes d'argent pour les rations des Simbas" ...

Malgré ce trésor de guerre, les quelque 20.000 combattants Simbas vécurent au Soudan et en Egypte comme des réfugiés, parcimonieusement aidés par le HCR. De nos jours encore, tous rêvent de rentrer au pays, dans un Congo pacifié. Quant aux chefs de la rébellion, ils connurent des destins divers : Pierre Mulele fut assassiné en 1965 dès son arrivée à Kinshasa où il avait été attiré sous prétexte d'amnistie; le général Olenga fut assassiné au Caire; Laurent Désiré Kabila, après un bref passage au Caire, fonda un maquis sur la frontière tanzanienne, dans le lieu-dit Hewa Bora, qui figure sur l'acte de naissance de son fils Joseph, et connut le destin que l'on sait. Quant à Christophe Gbenye, le président du CNL (Conseil national de libération) en froid avec ses camarades de lutte, il finit par céder à Mobutu et regagna Kinshasa, de même que Gaston Soumialot, le redoutable leader des Simbas.

Après son retour, Gaston Soumilot fut confié aux bons soins d'un citoyen suisse, Martin Hofmann, installé au Congo. C'est qu'il fallait à la fois surveiller et protéger le vieux chef rebelle qui ne dormait que d'un oeil. Et qui refusa toujours de confier à quiconque - et surtout pas aux autorités mobutistes - les clés de son trésor : seule sa signature pouvait permettre d'accéder aux coffres de la Banque Centrale de Khartoum. Pour rien au monde, il n'aurait voulu que le "Zaïre" de Mobutu et surtout le chef de l'Etat et son clan, considérés comme usurpateurs, aient accès au trésor du Congo révolutionnaire. Menées en 1967 et 1995, des tentatives de récupération échouèrent. En 1997, Laurent Désiré Kabila, devenu président à Kinshasa n'eut pas plus de chance.

Mais en 2002, Soumaliot, avançant en âge, estima que le temps était venu de récupérer le trésor des Simbas, de l'utiliser au bénéfice de la population. Toujours méfiant à l'égard de l'autorité étatique, il autorisa Martin Hoffmann, devenu son homme de confiance, à tenter de mettre sur pied une Fondation basée en Suisse, l'Association pour le développement sanitaire et social de la République démocratique du Congo. Cette dernière est chargée de récupérer les biens des anciens rebelles, de les utiliser tout d'abord pour permettre le retour au pays des Simbas exilés et ensuite de servir à lancer des projets sociaux et éducatifs.

Depuis, Hoffmann et son ami, l'avocat valaisan Pierre André Bonvin, se battent. A Kinshasa, le président Joseph Kabila les a autorisés à poursuivre leurs démarches et il a financé leurs déplacements. Les deux hommes, malgré leur allure de Suisses bien tranquilles, se sont transformés en détectives. A Mascate, dans le sultanat d'Oman, ils ont retrouvé Anwar Adhan, l'avocat soudanais qui avait réceptionné le trésor du général Olenga. L'homme de loi a témoigné de la réalité de ce transfert et produit l'accusé de réception signé à l'époque par le gouverneur de la banque du Soudan.

Autrement dit, les autorités soudanaises de l'époque s'étaient approprié en douce les avoirs des rebelles congolais
A Karthoum, la délégation, grossie par Nestor Diambwana, vice-gouverneur de la Banque nationale du Congo, et par Léonard Beleke, conseiller personnel du président Kabila (limogé depuis), fut reçue par le président Bechir ainsi que par le gouverneur actuel de la Banque du Soudan. Ce dernier feignit d'abord l'étonnement et assura que les dossiers de la banque avaient été détruits par un indendie. C'était sous-estimer la ténacité des deux Suisses : ils se rendirent à la Banque d'Angleterre, qui conservait dans ses archives des doubles des opérations bancaires menées à l'époque au Soudan. Il apparut que le Soudan avait effectué d'importantes ventes d'or et que fin 1964, de l'or, pour une valeur de trois millions de francs suisses, avait été transféré vers l'Union des banques suisses pour y être transformé en barres et vendu.

Autrement dit, les autorités soudanaises de l'époque s'étaient approprié en douce les avoirs des rebelles congolais. Aujourd'hui, confrontées aux preuves brandies par les Suisses et par le témoignage de l'avocat soudanais, elles ont reconnu la réalité de ce dépôt d'or et miraculeusement retrouvé une grosse enveloppe portant la mention "top secret" "gold from Congo"...

Selon Hofmann, un comité interministériel a été constitué à Khartoum avec pour mission d'étudier cette délicate question. Le Soudan en effet est régi par la charia, la loi musulmane, qui stipule clairement que les dépositaires de biens d'autrui sont tenus de les restituer, quel que soit le temps écoulé depuis la date du dépôt, ou céder des biens de valeur équivalente. Et la valeur de ce trésor de guerre est aujourd'hui estimée à un milliard de dollars ...
Colette Braeckman

Deux personnages au coeur d'une saga
Martin Hofmann, citoyen suisse, né au Congo
L'ami de Mobutu devenu homme de confiance de Soumaliot

Son père, un protestant, avait fondé l'entreprise "les Trois Suisses". Importateur de produits alimentaires, il était souvent en butte à la méfiance des Belges. La police coloniale l'envoya en prison car avant l'indépendance, il osait inviter à sa table des militants nationalistes.

Après un bref séjour en Suisse, Martin Hofmann, plus congolais que bernois, retourne en Afrique. Il gère le Centre de développement agricole de Gbadolite, puis une autre ferme dans le Bas-Congo, à Kasangulu. Il devient l'ami personnel du président, dont il réalisera tous les portraits officiels.
Il introduit de nombreux hommes d'affaires suisses auprès du chef de l'Etat et, début des années 90, intervient vainement auprès des autorités suisses pour qu'elles autorisent Mobutu à venir recevoir des soins médicaux. En août 1996, lorsque Mobutu revient à Lausanne pour se faire opérer de la prostate, le cancer est généralisé.
Deux mois plus tard, la guerre éclate au Kivu et en mai 1997 Mobutu est chassé du pouvoir.

Depuis, Hofmann a rencontré le président Joseph Kabila et aidé les nouvelles autorités à retrouver la trace de certains avoirs de Mobutu en Suisse et en Afrique du Sud. Devenu l'homme de confiance et le plénipotentiaire de Gaston Soumaliot, il s'emploie aujourd'hui à retrouver l'or des Simbas. Respectant les désirs du vieux leader, il souhaite mettre ce trésor au service d'une fondation à but humanitaire.
C.B.

Gaston Sumaïli, dit Soumaliot
Congolais, originaire du Maniema
Vétéran des rebelles, il détient le secret du trésor des Simbas


Gaston Soumialot
Il était, avant l'indépendance, fonctionnaire chargé aux écritures dans la ville minière de Kamituga. Il se rallie alors au MNC (Mouvement national congolais) dirigé par Patrice Lumumba. En 1960, devenu commissaire de zone, il déclare le Maniema zone neutre car il ne veut pas prendre parti dans les querelles qui divisent la capitale. Par la suite, demeuré fidèle à Lumumba, il refuse de reconnaître la légitimité du gouvernement dit de réconciliation nationale instauré après l'assassinat de Premier ministre et en 1963, avec d'autres formations nationalistes, le MNC, le Parti solidaire africain d'Antoine Gizenga, les Balubakat du Katanga, il fonde le CNL, Conseil national de libération présidé par Christophe Gbenye.

Les dirigeants du CNL sont obligés de fuir à Brazzaville puis, avec Laurent Désiré Kabila, Soumaliot décide de lancer la lutte armée depuis l'est du pays. Soutenu par le Burundi, il recrute des combattants parmi les Tutsis qui ont été chassés du Rwanda. Le gouvernement provisoire est défait lorsque paras belges et américains s'emparent de Stanleyville. Soumaliot s'exile alors au Caire, voyage à Cuba où sa famille est accueillie, puis se réconcilie avec Mobutu au début des années 70.
Le président, en 1978, lui offre une ferme à Kasangulu, où il rencontre Martin Hofmann. Après avoir reçu des soins médicaux à Londres, Soumaliot vit aujourd'hui à Kinshasa.
C.B.

Les Simbas, coriaces ancêtres des Maï Maï


Les Simbas, protégés par des
amulettes et le recours aux sorciers,
se croyaient invulnérables.
 Ils terrorisaient l'armée de Mobutu
Opposés à Moïse Tshombe devenu premier ministre et à ceux qu'ils accusaient d'avoir vendu le pays aux Américains deux mouvements rebelles se développèrent au Congo en 1963-64 : le premier front, fondé par Pierre Mulele dans le Kwilu, devint rapidement la plus grande insurrection paysanne de l'Afrique indépendante. Convaincus de leur immunité magique, les combattants enduits d'eau, se lançaient au combat en criant  Maï Maï Mulele.

Le deuxième front révolutionnaire s'ouvrit le 15 avril 1964 dans la région de Fizi-Uvira, sur les rives du lac Tanganyika. Auparavant, Gaston Soumaili dit Soumialot et Laurent Sésiré Kabila s'étaient installés dans un hôtel de Bujumbura. Après une première incursion à Bukavu, d'où Kabila avait réussi à s'enfuir déguisé en femme, les rebelles avaient lancé leurs premières attaques depuis la plaine de la Ruzizi.

L'offensive fut foudroyante, Stanleyville fut occupée le 5 août et la République populaire du Congo y fut proclamée le 5 septembre, avec Kabila aux Affaires Etrangères. La prise de Bukavu fut évitée grâce aux mercenaires sud-africains.

Sur ce front de l'est, les croyances  magiques jouaient un rôle capital : le combattant, ou "simba" (le lion), avait reçu un baptême qui était censé le rendre invulnérable aux balles de l'adversaire.

Pour cela, après le rituel du bain, il avait été aspergé d'"eau bénite" par le "docteur féticheur" détenant la force magique. Les combattants portaient aussi des scarifications sur lesquelles avait été apposé un onguent magique et ils étaient ceints de multiples amulettes. Un "docteur-féticheur" accompagnait chaque peloton de Simbas et l'usage du chanvre était courant, car la drogue permettait d'avancer sans peur et de ne pas ressentir la douleur.

Méthodes magico-religieuses
Plus de 200 missionnaires furent victimes de cette "guerre révolutionnaire" qui inspirait la terreur et qui mit en échec l'armée de Mobutu jusqu'à l'intervention des mercenaires puis des paracommandos belges et américains à Stanleyville. Au cours de la dernière guerre, les Maï Maï de l'est du Congo, aujourd'hui en voie d'intégration dans les Forces armées congolaises, ont eu recours à des méthodes magico-religieuses inspirées par les Simbas de naguère.
C.B.

"J'étais responsable de la récolte des diamants ..."
Kasongo Henri Omeonga faisait partie des jeunesses Kartel, premiers combattants du MNC Lumumba. Voici ce qu'il a confié à Martin Hofmann.

"Nous combattions les soldats de Mobutu. Le quartier général était à Kisangani. L'or qui était alors déposé à Kisangani, avait été récolté durant notre avancée (Ngumbali, Wtsha, Kili-Moto, Manonon).
J'atteste avoir été le responsable de la récolte des diamants. Il fallait deux personnes pour soulever ces malles.
Il y avait onze malles d'or. Il fallait quatre personnes pour soulever ces malles d'or. La majorité était constituée de briques. Il était mentionné sur les barres KiloMoto. Ces quantités étaient sous ma garde personnelle.
Dans le transport, il y avait des défenses d'éléphants, des cornes de rhinocéros, quatre malles de peaux de léopard. Le tout était chargé sur des camions de type Ford, Chevrolet, Dodge, avec remorque.
Nous avons quitté Kisangani pour nous rendre à Isiro, puis à Aba au Soudan et enfin à Yei au campement militaire soudanais. Il s'est ajouté un camion de devises diverses. Le responsable du convoi était Nicolas Olenga (...) Nous avons dû remettre nos armes. Puis Gaston Soumialot est venu et nous a dit d'aller à Juba. Ma mission s'est terminée à Yei.
J'y suis resté plusieurs années. Quand la guerre a commencé au Sud-Soudan, je suis allé en Ouganda. Puis, plus tard, je suis venu m'installer à Khartoum. Je possède une carte de réfugié que j'ai dû payer 500 livres".

Pourquoi le Zaïre n'avait pas accès au trésor

Pourquoi, durant les 32 ans que dura le règne de Mobutu, n'y eut-il aucune tentative réussie de récupérer le trésor de guerre des Simbas ?
Pour Martin Hofmann, la réponse est simple : "Les dépôts avaient été effectués au Soudan au nom du Conseil national de libération, qui représentait le gouvernement révolutionnaire du Congo et qui estimait représenter la légalité de l'époque. Seules trois signatures pouvaient débloquer ces avoirs, celles de Christophe Gbenye, de Nicolas Olenga et de Gaston Soumaliot."
Mobutu, lui, avait tourné le dos au "Congo" de l'indépendance et débaptisé tant le fleuve que la monnaie et le pays : le monde ne connaissait plus que le "Zaïre". Un "Zaïre" fort opportunément dépourvu de légitimité aux yeux des banquiers soudanais. Durant leurs années d'exil au Soudan, les anciens combattants Simbas durent se contenter de rêver à leur trésor perdu. Selon Martin Hofmann, qui les a rencontrés près de Khartoum, ils vivent toujours dans des camps de réfugiés, dans des conditions d'autant plus difficiles qu'ils ne peuvent travailler légalement. Actuellement, dans la perspective des prochaines élections, nombre d'entre eux souhaiteraient rentrer au pays.
C.B.

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