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samedi 27 décembre 2014

Citoyens de deuxième zone : le cas africain

LE MONDE DES LIVRES
24/12/2014
 Par Catherine Simon

Entre 1945 et 1960, le concept de « citoyenneté » a été au cœur des questions qui agitaient les élites de l’Afrique coloniale française. Un passionnant essai de Frederick Cooper les met en lumière (photo: Léopold Sédar Senghor et Félix Houphouët-Boigny, jeunes présidents du Sénégal et de Côte d'Ivoire, à Abidjan en 1960). DR

En France, les débats sur le colonialisme se sont « tellement focalisés sur la défense ou l’attaque des concepts de “colonial” ou “post colonial” qu’ils se sont déconnectés des expériences que ces termes étaient censés clarifier », attaque d’emblée Frederick Cooper dans l’introduction à son nouvel ouvrage, "Français et Africains ? Etre citoyen au temps de la décolonisation". 
Pourtant, insiste l’historien américain, si l’on veut comprendre, mieux vaut se concentrer « non pas sur ce que nous pensons aujourd’hui que les peuples auraient dû dire dans la situation coloniale, mais sur ce qu’ils dirent, écrivirent et firent réellement »
C’est ce que l’auteur de "L’Afrique depuis 1940" (Payot, 2012) et de "Décolonisation et travail en Afrique".

"L’Afrique britannique et française, 1935-1960" (Sephis/Khartala, 2004) s’attache à faire ici, découvrant, au fil d’une étude méticuleuse, à quel point certains termes, comme « nationalité » ou « souveraineté » – « que la plupart des Français croient comprendre » –, sont en réalité des concepts historiquement mouvants, entachés ­d’ambiguïté. 

Revendiquer des droits 
En examinant, dans les archives françaises et sénégalaises, les écrits syndicaux de l’époque, Cooper a été frappé par « l’usage intensif du concept de citoyenneté », pratiquement absent de la rhétorique syndicale en Afrique britannique. Il était utilisé pour revendiquer des droits – et rendre légitime cette revendication.
Mais de quelle citoyenneté, de quel citoyen parlait-on, en Afrique de l’Ouest, dans les années 1940 et 1950 ? Ce fut, explique Cooper, un débat long et contradictoire… et qui est loin d’être achevé.
Dans les années 1950, définir ces termes « constituait des enjeux majeurs, tant pour un Sénégalais en quête d’un meilleur salaire à Dakar ou d’un emploi à Lyon que pour un leader politique s’efforçant de mobiliser un électorat à Bamako ou dans les faubourgs de Marseille ». 

Partant du lendemain de la seconde guerre mondiale, en 1946, quand les premières fissures apparurent sur « l’édifice impérial de la France », et s’arrêtant en 1960, au moment des indépendances africaines, l’ouvrage de Frederick Cooper retrace, documents à ­l’appui (dont ceux, précieux et parfois inédits, des services de renseignement français), ce pour quoi se battirent les élites africaines et comment leur rhétorique évolua. 
Le déclin de l’empire colonial, qui vit la naissance d’une éphémère Union française, constitua, pour les leaders noirs de l’AOF (Afrique occidentale française), une ère d’intenses débats. Beaucoup de futurs « pères de l’indépendance », comme Félix Houphouët-Boigny (1905-1993) ou Léopold Sédar Senghor (1906-2001), firent ainsi leurs premières armes dans l’arène politique. 
Français et Africains ? analyse, avec finesse, la complexité de ces débats d’après l’empire, chacun, en France comme en Afrique, s’interrogeant sur l’avenir d’une future Communauté franco-africaine. Car, longtemps, l’idée de séparation fut laissée en lisière. 

On rêva d’une vaste « Eurafrique » 
Un moment, Léopold Sédar Senghor et l’avocat Léon Boissier-Palun plaidèrent pour une sorte de « Commonwealth français », qui aurait uni les pays de l’AOF à la France. On rêva d’une vaste « Eurafrique ».
En effet, si, dès le départ, ils défendirent une politique « résolument anticolonialiste », la plupart des représentants africains n’étaient pas des nationalistes, gardiens d’un territoire et, moins encore, des indépendantistes (ou des révolutionnaires).
Les débats n’en furent pas moins vifs et douloureux.
« Que voulez-vous faire de nous ? Des citoyens de deuxième zone ou des super-indigènes ? », s’exclama, en 1946, le député Jean-Félix Tchicaya.
Quant aux rivalités entre ténors africains, elles furent d’une froide violence. 

Un peu plus de dix ans plus tard, en 1959, une dernière tentative de fédéralisme, après la version « forte » du général de Gaulle et celle, « égalitaire », d’Houphouët-Boigny, fut lancée par Senghor : une fédération africaine, qui donnerait plus de poids aux ex-colonisés, pour obtenir des ressources de l’ex-colonie. Elle aussi échoua.
La Constitution de 1958 avait placé les Africains (exception faite de l’Algérie, guerre oblige) dans une position forte « mais aussi délicate », observe Frederick Cooper : un compromis « entre autonomie et subordination ». On sait comment cela finit… 
Récit magistral, Français et Africains ? met en lumière, comme rarement, les acteurs africains de notre histoire de France. 

Français et Africains ? Etre citoyen au temps de la décolonisation (Citizenship between Empire and Nation. Remaking France and French Africa, 1945-1960), de Frederick Cooper, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Christian Jeanmougin, Payot, « Histoire »

Dans les décennies qui suivirent la Seconde Guerre mondiale, les empires coloniaux d'Afrique ont laissé place à plus de quarante Etats-nations. 
Au coeur de cette transformation, on trouve en Afrique française la citoyenneté, le droit d'avoir des droits. 
Les leaders africains réussirent à faire inscrire dans la Constitution de 1946 le droit de cité des ressortissants d'outremer. 
Mais qu'est-ce, concrètement, que la citoyenneté ? Et que veut dire : être français ? 
Cette somme magistrale de l'un des plus grands historiens actuels, professeur d'histoire à l'Université de New York, montre comment fut vécue, en Afrique comme en métropole, la fin de la domination coloniale française et donne un sens historique à deux notions que la plupart des Français croient comprendre : la nationalité et la souveraineté. 
Au nombre des surprises de ce livre : 
  • le fait que les politiques africains revendiquèrent moins l'indépendance que l'égalité politique, sociale et économique avec les autres citoyens français ; 
  • la preuve qu'il existe de multiples façons d'être français ; 
  • la lumière sur les compromis de la France en AOF pour sauvegarder son empire tandis qu'en Algérie la violence faisait rage ; 
  • et la forte influence des Africains sur les textes fondateurs de la IVe et de la Ve République...


Catherine Simon 
Journaliste au Monde 

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