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lundi 28 janvier 2013

L’agonie d’un géant !

Texte de Michèle Boeckx


Juin 1960.

Je me souviens de cette fin de l'année scolaire ...  DEBÂCLE !

Beaucoup d'enfants sont partis avant la fin ...
Depuis mai, les fonctionnaires de l'Etat belge quittaient peu à peu le pays ...



Que m’est-il arrivé ce jour là … Qu’est-ce que je faisais là ?

Dans la cour de l'école je revois les derniers jours ... débâcle …
Les bus s’en allaient chargés d'enfants .. de blancs … de noirs …

Les enfants qui restaient couraient dans tous les sens.
Ils ressemblaient à des fourmis surprises par les pas d’un géant.
Cœur glacé, frissonnante, incrédule, je regardais partout.
L’école se vidait … Où s’en allaient-ils tous ?

Mais bon Dieu, qu’est-ce que je faisais là ?

Avais-je quitté l’Athénée Royale section humanités, bâtiment érigé près du bassin de natation pour me rendre au bâtiment section primaire avec internat qui se trouvait en face du laboratoire, sur l’avenue Reine Elisabeth pas très loin de la clinique ?

Ce jour là, aux abords de la cour de l’école primaire, moi avec mon vélo,
j'attendais... je les voyais tous partir, j’avais envie de les retenir, de leur crier :
“Non, non, ne partez pas ! Ne me laissez pas ici toute seule … "

Une boule grosse comme le poing s’était logée dans ma gorge, et tel un animal aux abois je cherchais à comprendre l’incompréhensible.

Mon cœur battait à grands coups dans ma poitrine, mes mains tremblaient, mes tempes se couvraient d’une fine sueur glacée.

Un grand silence enveloppa l’école, une brise silencieuse se faufilait entre les colonnes blanches du long couloir reliant les bâtiments.

Cette brise ressemblait au gardien qui fait sa dernière ronde de contrôle pour s’assurer que personne n’a été oublié.

Comme un chien aux abois j’inspirais à grands coups l’air chaud et sec de ce jour de juin. Mon coeur n’arrêtait pas de cogner follement au fond de ma poitrine.

Je pouvais presque l’entendre.

Sous le soleil ardent, jamais le sable blanc de la cour désertée n’avait été aussi éclatant.

Sa blancheur parsemée d’objets perdus, oubliés dans la débandade retrouverait-elle les traces des pieds d’enfants qui l’avaient si souvent parcourue ?

Au milieu de cette cour vide avec son sable blanc, moi, gamine de quatorze ans je restais plantée là toute seule avec mon vélo bleu....

Lentement, hésitantes, quelques larmes brûlantes glissèrent sur les joues de l’adolescente que j’étais et qui n’avait rien vu venir.

Affolée, enfourchant ma bécane, pédalant de toute mes forces j’ai pris la direction de la résidence du gouverneur, Kilou était dans ma classe ...  J'allais souvent chez eux, Madame et Monsieur m’ont toujours bien accueillie.

Telle une enfant de la maison, j’entrais et sortais de la résidence comme si celle-ci avait toujours été ma maison.

Dans ces derniers jours de juin, là aussi j'ai vu la débâcle ...  Je pense que la famille était déjà partie ...         Je suis entrée dans la résidence, parcourant les pièces, les chambres, les salles de bain.

Un étau féroce encerclait ma poitrine.

Tout était vide. Dans les jardins, des soldats chargeaient des camions qui s’en allaient chargés d'objets divers, de meubles vers une destination que je ne connaissais pas.

Dans le brouillard de mes souvenirs, il me semble encore apercevoir ces soldats chargeant les camions. Ils criaient, riaient …  c’était la fête …  Quelle aubaine …

Le reste vide ...  La grande maison où j’allais si souvent jouer pendant mon enfance n’était plus qu’une construction dans laquelle avait jadis résonné des rires d’enfants qui n’existaient plus.

Parfois ces images remontent du fin fonds de la mémoire ...

Un grand pays se vidait en quelques mois de toute une organisation.

En ville, la panique, la peur ...

A la boucherie Houzé ... 2 comptoirs ... sur l'un deux un revolver prêt à servir en cas de danger ...

A l'Otraco, des européens agglutinés, pressés de prendre ce dernier bateau ...  panique encore, c'était à celui ou celle qui pourrait embarquer ...  femmes, enfants, un drame a éclaté ...

Le chacun pour soi devenait la règle ...

Chez nous, le magasin se remplissait de meubles et bagatelles apportés par les fuyards. Ils nous demandaient de les garder dans l'espoir de pouvoir les récupérer quand le pays aurait retrouver sa stabilité.

Aujourd’ hui après 50 ans, il m’arrive encore de revoir ce vieux film resté gravé dans mon esprit avec pour titre :

"Le jour où notre vie sociale d’enfant, adolescent a explosé"

 Nous nous sommes perdus de vue.

Ballottés en tous sens, nous avons cherché à nous intégrer dans un nouveau monde dont nous ne connaissions pas les règles en gardant pour toujours enfermé dans nos mémoires les images, les parfums d’une terre qui nous avait vu grandir et que nous avons aimé …

Demain est un autre jour  ...

3 commentaires:

  1. Je vous raconterai également comment se sont passés nos derniers jours de Juin 1960, mes parents et nous trois. Je ne pourrai jamais oublier ces jours là. Dès que j'aurai quelques grosses minutes de libre je vs raconterai cela. Je vous embrasse tous.

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    1. Bonjour le Baroudeur, j'aimerais beaucoup vous lire...
      Amitiés
      Michèle

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  2. Merci "le Baroudeur". Nous attendons avec impatience.

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