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dimanche 10 juin 2012

L’Afrique parle, l’Amérique lui répond (par Robin Kelley)

http://blog.slateafrique.com/cahier-nomade/ 
07/06/2012

Robin D.G. Kelley est un historien africain américain de grand renom. Sans doute le plus pénétrant et le plus en vue actuellement. Prolixe, ses sujets de prédilection sont multiples et se situent souvent aux croisements de l’histoire des mouvements sociaux radicaux, des cultures populaires (hip-hop, arts visuels) ou encore de l’histoire du jazz. Loin d’être un esprit prodigieux mais distant, le professeur Kelley a un charisme fou qui lui vaut le respect de ses collègues et l’adoration de ses étudiants qui les suivent littéralement d’université en université (Emory, NYU, Columbia, USC ou aujourd’hui UCLA). En 2009, le
photogénique chercheur et critique musical a publié une biographie monumentale du tout aussi monumental pianiste de jazz Thelonious Monk intitulé Thelonious Monk: The Life and Times of an American Original. Moins de trois ans après, Robin Kelley récidive pour notre plus grand bonheur. Son dernier ouvrage explore les liens entre l’Afrique et l’Amérique à travers les destins croisés de 4 musiciens de jazz certes moins connus que Monk, voire même un peu oubliés aujourd’hui, mais qui restent importants par leurs contributions individuelles et collectives. Africa Speaks America Answers couvre splendidement l’espace de ce dialogue artistique, politique et convivial noué entre l’Afrique et l’Amérique. L’infatigable historien s’attarde sur les trajectoires de nos quatre artistes: le batteur ghanéen Guy Warren et la diva sud-africaine Satima Bea Benjamin pour le continent; le pianiste Randy Weston et le bassiste (et joueur de ‘oud) Ahmed Abdul Malik pour l’Amérique noire. De fait, il s’agit pour l’auteur de montrer comment l’Afrique moderne a redéfini le jazz et comment, en retour, le jazz moderne a fait émerger une nouvelle identité africaine. Ces échanges et ces influences musicaux et artistiques ont changé durablement la nature du dialogue culturel et politique entre les deux rives de l’océan Atlantique. 

En introduction, Kelley retrace l’euphorie de ces années-là. Si Guy Warren, le batteur ghanéen engagé corps et âme dans le jazz fusion et perdu un temps dans la forêt des rythmes africains, si donc Warren a passé les sept dernières années de sa vie à lutter pour laisser sa marque unique dans cet univers culturel, il faut dire qu’il en a du mérite car dans ce début des années 196o la concurrence était extrêmement ardue pour lui comme pour tous les autres. On a bien du mal à imaginer combien l’Afrique était rêvée, désirée et adorée. Car l’Afrique-là était davantage que la mode, davantage que la dernière frontière artistique. L’Afrique était au zénith. Elle était simplement « The Thing ». L’horizon politique était des plus favorables. C’était l’aube des indépendances africaines. On entendait au loin l’écho des massacres de Sharpeville en Afrique du Sud. Tout au nord, le président égyptien Gamal Abdel Nasser défiait les puissances impériales tandis qu’on assassinait au Congo, le héros des masses africaines, Patrice Emery Lumumba. C’est l’apogée de l’esprit de Bandung et l’émergence du Tiers-Monde. De l’autre côté de l’Atlantique, ceux qu’on n’appelait pas encore les Africains Américains se battaient pour leurs droits civiques de Montgomery à Memphis, de Birmingham à Brooklyn. Et tandis que les luttes gagnaient en intensité sur le sol américain, voilà que des artistes, des activistes, des étudiants et des hommes politiques africains foulaient le sol de Harlem ou de Chicago pour de longues périodes de pèlerinage (Fela) ou pour mettre sur place des comités de soutien et continuer le combat en Afrique du Sud, en Namibie ou au Mozambique. 

La diaspora noire se mirait dans les yeux de l’Afrique nouvellement libérée. On a vraiment du mal à prendre le pouls de cette période euphorique. II nous suffit de jeter un coup sur les pochettes de disques pour en mesurer l’ampleur. C’est d’une véritable explosion qu’il s’agit, et elle n’est pas seulement thématique, rythmique ou mélodique. Tout le gratin s’est donné le mot ou la mesure. Il me plaît de vous citer les morceaux, les galettes et autres ‘Suites’ invariablement dédiés à l’Afrique comme ceux de Buddy Collette (Tanganyika), de Sonny Rollins (Airegin qui n’est autre que l’anagramme du mot ‘Nigeria’), de John Coltrane (Liberia, Dakar, Dahomey Dance ou Tanganyika Strut). De Max Roach (Man from South Africa, All Africa ou Garvey’s Ghost). De Horace Parlan (Home Is Africa). De Lee Morgan (Search for the New Land et Mr. Kenyatta). De Cannonball Adderley (African Waltz). On pourrait continuer ainsi sur des pages et des pages sans tomber dans l’ennui et la paresse. La vie de nos quatre artistes fut riche humainement et artistiquement. Si les deux musiciens africains (Guy Warren et Satima Bea Benjamin) reposent en terre ancestrale, il y a bien longtemps que le mystique Ahmed Abdul Malik et l’immense Randy Weston séjournent mentalement ou physiquement en Afrique comme ils l’ont ardemment désiré, l’un et l’autre, tout au long de leur vie. Les 4 artistes réunis par Robin D.G. Kelley nous rappellent que le don et la grâce artistiques ne sont pas circonscrites dans la salle de concert et dans les sillons d’un disque. Leur talent et leur grâce illuminent tout sur leur passage. Ils nous sont précieux dans la vie de tous les jours.

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